39 ans, marié, 3 enfants et 1 CFC en pochePortrait de Pascal Christian De Vivo

Le 28 juin passé, le CFC de carrossier-tôlier a été remis à Pascal Christian De Vivo. Cerise sur le gâteau, le nouveau carrossier-tôlier certifié de la Carrosserie de Cornaux a reçu un prix pour la seconde meilleure moyenne générale. Parmi les 250 personnes ayant assisté à la cérémonie de remise des CFC au CIFOM au Locle, sa femme Hasnae et ses trois enfants Yasmina (17 ans), Rayane (13 ans) et Sabrina (10 ans) n’étaient pas les moins fiers de leur poulain. Pascal De Vivo ouvre sa boîte à souvenirs et nous livre ses confessions à chaud.

Un début de parcours difficile

Pascal est légèrement bègue. Ce handicap l’empêche de suivre une scolarité normale. Il essuie aussi les quolibets de ses camarades et de certains professeurs.  Qu’importe ! Il a un rêve et veut le réaliser. Il veut devenir carrossier comme son papa qui dirige la carrosserie City à Rolle. Il débute son apprentissage de carrossier-tôlier en 1998. Mais la partie théorique le pénalise et le contraint à abandonner sa formation. Néanmoins, il persiste à travailler dans les métiers de la carrosserie. Sans CFC, il accumule les expériences dans sept carrosseries : City à Rolle, Emil Frey à Nyon, Nouvel à Epalinges, Dekar à Gampelen, Les Vignes à La Neuville et Carrosserie de Cornaux à Cornaux. Au gré des expériences, il réalise aussi qu’avoir un CFC lui permettrait de ne pas uniquement miser sur son expérience pratique. Il observe enfin qu’on ne vaut pas grand-chose sans papier.

Nouveau challenge à 35 ans

En 2018, il débute sa formation de carrossier-tôlier, avec des collègues de 16 ans ses cadets. Il s’adapte à eux qui l’appellent amicalement « Papy » ou « Pascal le grand frère ».  Sa première note en connaissances professionnelles est un 2.5. Il doute quelques instants;  son épouse le motive à ne pas baisser les bras ; enfin, il se reprend et se jure enfin que ce sera la première et dernière « pêche » qu’il obtiendra. Et puis il se fixe comme autre objectif : terminer dans les trois premiers de sa volée en 2022. Sa femme constitue un soutien indéfectible, surtout dans les instants d’hésitations. Frank Vuilleumier, Laurent Sandoz et Karen Guye se trouvent aussi sur sa route ; ils le soutiennent à des moments-clés. Pascal ne compte pas ses heures d’études. A la fin de la formation, régulièrement, il se lève à 3h30 pour réviser et être prêt pour les examens théoriques qui auront lieu les 2 et 3 juin 2022 au CIFOM. A la question « Comment es-tu arrivé à surmonter l’obstacle de la théorie qui te paraissait insurmontable il y a 24 ans ? », Pascal répond sans hésitation : « Plus de sagesse, plus de patience, plus de recul sur la vie et une détermination à finir ce que j’entreprends… Et bien sûr, rendre fier ma femme et mes enfants, en leur démontrant qu’il n’y as pas d’âge pour retourner sur le banc d’école et pour croire en ses rêves».

Un passionné de carrosserie

Redonner vie aux voitures abimées et les voir ressortir de l’atelier comme neuves, voilà ce qui motive Pascal. Au niveau des travaux pratiques, le féru de Ferrari, Aston Martin, Lamborghini et des veilles carrosseries aime faire les gros redressages et les mises au marbre. A l’heure où cet article est rédigé, il vient de redonner vie a une Audi Quattro de 1985 et en est très satisfait. Il roule actuellement une Peugeot e-2008 (véhicule électrique)… Il avoue quand même que le bruit d’un bon moteur v6 lui manque un peu.

Le philosophe Pascal

A ses enfants et à ses proches, Pascal, qui sait de quoi il parle, aime lancer : « Quand on te critique, rappelle-toi cette phrase : tu ne seras jamais critiqué par quelqu’un qui fait plus que toi, tu seras critiqué par quelqu’un qui fait moins ou rien. ». Sur la base de son parcours de vie, il aime exhorter quiconque à ne jamais baisser les bras et à se donner les moyens de ses ambitions. Pascal se fixe aussi comme objectif de rester à la page dans la vie et au boulot… pour ne jamais décrocher.

L’avenir de Pascal… toujours dans la carrosserie

Sa fille Yasmina a terminé l’école obligatoire. Elle a obtenu son papier trois jours après son papa. Pascal et elle se sont challengées mutuellement pour obtenir les meilleures notes possibles. Pascal ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Il espère embrayer sur un brevet de tôlier. Autre ambition : accompagner son fils Rayane, également intéressé par les métiers de la carrosserie (tiens donc) , dans sa formation et le soutenir afin qu’il participe un jour aux championnats régionaux de carrossiers, peut-être aussi aux Swiss Skills et pourquoi pas aux World Skills. Est-ce trop ambitieux ? NON ! Avec le travail et la volonté, Pascal sait qu’on peut atteindre des sommets a priori infranchissables. Et puis, après tout, qui ne tente rien n’a rien !

Les remerciements.

Pascal remercie tout particulièrement son épouse. Sans son soutien, c’eût été beaucoup plus difficile Les enseignants, Frank Vuilleumier, Laurent Sandoz et Karen Guye ont contribué à son succès. Il souligne : « Ces trois personnes ont une façon adaptée d’enseigner, une écoute attentive et de l’empathie. Ils m’ont vraiment donné le goût de (ré)apprendre et de persévérer durant ces quatre années. Avec de tels enseignants, j’aurais réussi, il y a 24 ans et j’aurais eu un titre en poche. ». Dans ses remerciements, il inclut aussi la Carrosserie de Cornaux.

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