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19.05.2022 - 10:57

Sens et responsabilité dans un contexte de crises successives

En quête de sens avec Julia de Funès

A l’occasion de son 60ème anniversaire, l’association HR Neuchâtel, en collaboration avec la CNCI et la FER Neuchâtel, a organisé un événement exclusif sous forme d’une conférence publique avec une hôte de marque, Julia de Funès, sur le thème "Sens et responsabilité dans un contexte de crises successives".

« Par le passé, le travail était une finalité. Maintenant, c’est devenu un moyen. Et c’est ce qui lui donne enfin un vrai sens », déclare Julia de Funès. Philosophe, essayiste et conférencière, elle a aussi oeuvré dans le recrutement et porte donc un regard pertinent sur le monde de l’entreprise. Un regard qu’elle a partagé l’autre soir au Théâtre du Passage de Neuchâtel, à l’invitation conjointe de l’association des professionnels des ressources humaines HR Neuchâtel, de la CNCI (Chambre du commerce et de l’industrie) ainsi que de la FER (Fédération des entreprises romandes).

Julia de Funès

La crise ? L’occasion d’innover 
S’adressant à un parterre d’entrepreneurs, de cadres et autres responsables en ressources humaines, Julia de Funès a déroulé un plaidoyer pour la quête de sens dans le travail. Une quête encore plus sensible au sortir de la crise sanitaire et alors que la guerre en Ukraine paralyse peu à peu l’économie mondiale. Julia de Funès voit dans cette situation une opportunité d’évolution. « Les crises sont des moments de rupture et d’arrêt. Ce sont surtout de belles occasions d’innover ».

Les absurdités du boulot
Encore faut-il le faire de manière intelligente. Ce qui n’est pas gagné. La philosophe a listé quelques absurdités actuelles du monde de l’entreprise. Et cela sonnait souvent très juste. « Le management est devenu une suite de procédures. On l’a technicisé à outrance. Mais les procédures sont absurdes quand elles prennent la priorité sur le bon sens », a-t-elle martelé. Et ce n’est pas à coup de formations, de coachings et de processus qu’un manager deviendra efficace et charismatique, « c’est plutôt une histoire d’authenticité et de personnalité ».Julia de Funès 1

L’illusoire course au bonheur
Que dire alors du bonheur en entreprise ? Une autre tendance absurde pour Julia de Funès, qui estime « qu’il n’y a jamais eu autant de malheur au travail que depuis que l’on cherche à rendre les gens heureux. Mais les jolies décos, les bocaux de bonbons et les baby-foots dans les bureaux, ça n’a jamais fait le bonheur des collaborateurs».

A la recherche du sens perdu 
Ce qu’ils demandent, ces collaborateurs, « c’est surtout, que leur travail ait du sens ». Encore faut-il savoir ce que c’est. Et pour Julia de Funès, la recette serait de considérer le travail comme un moyen d’arriver à ses objectifs personnels plutôt que d’en faire une fin en soi. Exactement à l’image des jeunes générations d’aujourd’hui, qui n’entendent pas se tuer à la tâche comme leurs aînés et qui surtout veulent devenir acteurs de leur vie professionnelle.

Qui fait quoi ?
Alors, de son côté, l’entreprise doit s’adapter pour séduire. « Les entreprises attractives sont celles qui ont une raison d’être au-delà de la recherche de profit », estime la philosophe. Enfin, la technicisation accrue des professions et la digitalisation contribuent fortement à cette crise de sens généralisée. « Avec ça, la notion de métier est devenue complètement floue. Non seulement, on ne sait plus ce que font les gens, mais eux-mêmes finissent par ne plus le savoir non plus !»
Bousculée peut-être, interpellée sûrement, l’assistance a parfaitement reçu le message de l’oratrice. La longue séance de dédicaces qu’elle a donnée après sa conférence a confirmé que cet intérêt allait se prolonger.

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