Les entreprises neuchâteloises sont en nette reprise. 40% des entreprises sondées considèrent la marche actuelle des affaires comme « bonne à excellente », contre 19%, « mauvaise à médiocre ». Pour les six prochains mois, cet allant se maintient. Les entreprises sont plus prudentes dans leurs pronostics pour le deuxième trimestre 2022. En 2021, 23% des entreprises ont augmenté leurs effectifs et 22% pensent encore le faire en 2022. Que ce soit pour la marche des affaires ou l’évolution des effectifs, les entreprises industrielles sont plus optimistes que les entreprises de services. 37 % des entreprises sondées pensent investir dans les 12 prochains mois, ce qui pourrait représenter un montant total d’investissements de CHF 185 millions dans le Canton de Neuchâtel. La CNCI a par ailleurs sondé ses membres s’agissant de leurs problèmes en lien avec l’approvisionnement et le recrutement. 34% des entreprises sondées connaissent des problèmes d’approvisionnement en marchandises (57% dans l’industrie et 20% dans les services). En matière de recrutement de personnel 35% des entreprises sondées connaissent des problèmes (46% dans l’industrie ; 29% dans les services). Se prononçant sur les résultats de l’étude, Karine Doan, Professeure de Supply Chain Management à la Haute école de gestion Arc, a déclaré : « Il est désormais essentiel de repenser les chaînes d’approvisionnement – plus locales, moins opaques – et de revoir la stratégie du « Juste à Temps ».
Une marche des affaires en reprise et de bonnes perspectives d’investissement
Les prévisions des entreprises neuchâteloises sont en phase avec les analyses du KOF. 41% des sondés sont satisfaits de la marche actuelle des affaires (40% l’estiment bonne à excellente et 19%, mauvaise à médiocre. Pour les six prochains mois, le même optimisme prévaut. L’optimisme est plus marqué dans l’industrie que dans les services ; les entreprises de plus de 30 collaborateurs ont des prévisions plus optimistes. En septembre 2021, le pourcentage d’entreprises anticipant une bonne à excellente marche des affaires pour les 6 prochains mois (37%) a fortement augmenté par rapport à l’automne 2020 (16%). Le pourcentage d’entreprises prévoyant des investissements dans les 12 prochains mois (37%) est en légère augmentation par rapport aux enquêtes 2017-2020 (moyenne de 35%). Plus de CHF 185 millions pourraient être investis dans le Canton de Neuchâtel en 2022, une vingtaine d’entreprises planifiant des projets dont le cumul des montants représentent 90% de ce montant.
Augmentations d’effectifs et de salaires
Le pourcentage d’entreprises ayant augmenté leurs effectifs en 2021 (23%) est supérieur à celui qui l’a réduit (14%). Cet écart positif se creuse pour 2022 (22% contre 5%). En 2022, 33% des entreprises industrielles et 16% des entreprises de services envisagent d’augmenter leurs effectifs. En 2021, l'évolution moyenne des salaires, pondérée selon la taille des entreprises a été de 1.2 % (1,2% pour l’industrie et 1,2% pour les services). Pour 2022, cette augmentation passe à 1.3 %, l’augmentation moyenne des salaires étant de 1.4 % pour l’industrie et de 1 % pour les services. Le pourcentage d’entreprises ne prévoyant aucune hausse de salaire pour l’année suivante (50%) a fortement décru en 2021 par rapport à 2020 (73%).
Problèmes d’approvisionnement et recherche de main-d’œuvre qualifiée
La CNCI a par ailleurs sondé ses membres s’agissant de leurs problèmes en lien avec l’approvisionnement et le recrutement. 34% des entreprises sondées connaissent des problèmes d’approvisionnement (57% dans l’industrie et 20% dans les services). Plus la taille de l’entreprise est grande, plus ces problèmes d’approvisionnement s’accentuent. Selon les entreprises sondées, les causes des problèmes d’approvisionnement sont principalement l’arrêt des usines de production à cause du covid (75%), la forte demande sur les marchés (42%) et les capacités amoindries du fret maritime et aérien (37%). Pour les entreprises, les conséquences de ces problèmes d’approvisionnement débouchent d’abord sur des retards de livraison (87%), des hausses des prix d’achat (83%) et des réductions des marges (53 %). Pour faire face à ces difficultés, les entreprises répercutent les coûts supplémentaires sur les prix de vente (57%), diversifient leurs fournisseurs (54%) et augmentent les stocks (46%). A l’interrogation « A quel horizon vous attendez-vous à un retour à la normale sur ces questions d’approvisionnement ? », 42% des entreprises ne peuvent pas y répondre ; 35% espèrent le deuxième trimestre 2022 et 13% sont d’avis que cette situation constitue une nouvelle normalité. En matière de recrutement de personnel 35% des entreprises sondées connaissent des problèmes (46% dans l’industrie ; 29% dans les services). Plus la taille de l’entreprise est grande, plus ces problèmes de recrutement sont ressentis. La main-d’œuvre qualifiée (75%), les cadres intermédiaires (31%) sont les deux catégories de personnel les plus difficiles à recruter. Pour pallier aux difficultés de recrutement, les trois premières mesures citées sont : améliorer l’orientation professionnelle / revaloriser certaines filières de formation (49%), favoriser la main d’œuvre indigène par des incitations fiscales (42%) et augmenter la formation continue (33%). Enfin, 92% des entreprises formatrices sondées disent que la crise ne les pas incitées à engager moins d’apprentis.
Repenser les chaînes d’approvisionnement
Karine Doan, Professeure de Supply Chain Management à la Haute école de gestion Arc a été invitée par la CNCI pour livrer sa lecture sur le volet « Approvisionnement et recrutement ». Elle fait l’analyse suivante : « Les mesures mises en place en Suisse et dans le monde entier pour limiter la propagation du COVID-19 ont profondément affecté les chaînes d'approvisionnement, qui se sont développées à l'échelle mondiale depuis les années 1980. Cette perturbation sans précédent a mis en évidence les nombreuses failles des supply chains d'aujourd'hui. ». Pour Karine Doan, l’enquête montre que les entreprises industrielles sont plus touchées par les pénuries de matières que celles des services. La Professeure précise : « Par ailleurs, l’impact ressenti est proportionnel à la taille de l’entreprise. Ce dernier phénomène peut s’expliquer notamment par la longueur des chaînes d’approvisionnement et le nombre de parties prenantes dans les grandes entreprises. ». A la question « Comment faut-il surmonter cette situation ? », Karine Doan répond : « Les mesures prises consistent à revoir la collaboration avec les fournisseurs et à (re)constituer des stocks. De plus, au plus fort de la crise, un effort de mutualisation des biens tangibles (masques, gants de protection…) a été réalisé dans le canton, ce qui pourrait représenter une bonne pratique pour faire face aux futurs chocs externes ». Que cette situation soit considérée comme la « nouvelle normalité » ou une simple perturbation, il est désormais essentiel de repenser les chaînes d’approvisionnement – plus locales, moins opaques – et de revoir la stratégie du « Juste à Temps » selon la Professeure. Le recours à la digitalisation peut d’ailleurs venir soutenir cette transformation en accroissant la visibilité sur les activités des entreprises et en permettant, dans certains cas, la relocalisation des facteurs de production. Cette crise aura démontré par l'expérience que dans un contexte où les chaînes d'approvisionnement sont de plus en plus complexes et fragmentées, "un battement d'aile de papillon en Chine peut déclencher une tempête en Suisse" conclut Karine Doan.
Une enquête représentative
L'enquête a été menée par la CNCI du 23 août au 14 octobre 2021. Près de 31% de ses membres sollicités y ont répondu, ce qui correspond à 303 réponses (108 entreprises industrielles et 195 sociétés de services). L'ensemble des entreprises ayant répondu occupe 12’908 collaborateurs dans le canton.
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00:00:00 Résultats enquête conjoncturelle pour les entreprises neuchâteloises, Florian Németi, Directeur CNCI
00:23:56 Pénurie de marchandises et de personnel – Que nous disent les entreprises neuchâteloises? Charles Constantin, Membre de la Direction CNCI
00:33:28 Problèmes d’approvisionnement pour les entreprises – Lecture du phénomène et solutions pour y parer? Karine Doan, Professeure associée de Supply Chain Management à la HEG – Haute école de gestion Arc
1:01:18 Conclusion, Florian Németi, Directeur CNCI