En ce 18 juin, Journée de la médiation, l’occasion est donnée de mettre en lumière la médiation pour les entreprises et d’avoir un aperçu des avantages qu’elle offre au monde du travail et des affaires. A cette occasion, la CNCI s’entretient avec Raymonde Richter-Perruchoud, avocate au barreau, médiatrice FSM, FSA et CSMC, coach PCC-ICF et membre du conseil d’administration de la CNCI, qui répond à nos questions.
Dans quels domaines liés à l’entreprise la médiation peut-elle être utilisée ?
La médiation commerciale couvre différentes situations que les entreprises rencontrent au cours de leurs activités.
D’un côté, la médiation intra-entreprise, qui englobe toutes les relations de travail internes, est utile en cas de problèmes de communication, de tensions ou de conflits. Mais elle est aussi bénéfique à titre préventif, par exemple pour modérer des séances de travail délicates ou pour favoriser le retour au travail d’un.e collaborateur.trice après une longue absence liée à des problématiques interpersonnelles ou organisationnelles. La médiation peut également servir à dénouer des litiges entre actionnaires ou membres d’un conseil d’administration ou d’une fondation.
De l’autre côté, la médiation inter-entreprise, qui s’applique aux relations commerciales externes (clients, fournisseurs, concurrents, …), peut être mise en œuvre dans tous les champs d’activité (biens et services, technologies, construction, etc.). La médiation permet de s’accorder sur des problématiques de paiement, livraison, défauts, propriété intellectuelle, concurrence, atteinte à la réputation pour ne citer que quelques exemples. La médiation peut également accompagner une transmission d’entreprise ou des projets multipartites.
Quels sont les principaux avantages que représente la médiation pour les entreprises ?
J’en vois principalement quatre.
L’autonomie. Les parties gardent le contrôle sur les thématiques discutées et les solutions négociées. Le-la médiateur-trice favorise le dialogue en étant garant du cadre et du processus.
La confidentialité. Les échanges et l’issue des discussions sont confidentiels. Les problèmes sont traités en toute discrétion et les secrets d’affaires sont préservés.
La flexibilité. Les possibilités d’accord et de satisfaction des parties sont plus larges que les solutions qu’apportent les tribunaux.
La rapidité et la maîtrise des coûts. La médiation peut être mise en place dès que les parties décident d’utiliser cette voie. Le processus peut être mené sur une courte période en fonction de l’urgence et de la disponibilité des parties. Le plus souvent quelques séances suffisent !
Quatre enjeux animent la CNCI. Avec lesquels la médiation est-elle le plus connectée ?
Spontanément, je dirais l’enjeu « Au cœur de l’économie ». La sensibilisation des entreprises à ce mode alternatif de résolution des conflits leur offre une ressource complémentaire efficiente qui est souvent plus appropriée au monde des affaires qu’une procédure judiciaire. La complexité et l’instabilité du contexte actuel demandent de s’adapter rapidement. L’appel à un.e médiateur-trice favorise le dialogue et la recherche de solutions créatives et innovantes avec toutes les parties concernées. L’expérience de la médiation amène des prises de conscience et des pistes d’évolution sur le plan interpersonnel, mais aussi organisationnel. C’est une opportunité de sortir de blocages et d’explorer de nouvelles formes de collaboration et de partenariat. La démarche est tournée vers l’avenir et permet de préserver les relations !
Quels conseils donnez-vous aux entreprises ?
En amont, je recommande d’insérer dans les contrats de travail et les contrats avec les partenaires commerciaux des clauses qui prévoient le recours préalable à la médiation. Cela démontre une certaine ouverture au dialogue à la conclusion d’un contrat déjà et si nécessaire de débuter rapidement une médiation. Les entreprises devraient envisager le recours à la médiation dès le moment où elles n’arrivent plus par elles-mêmes à mener un dialogue ou une négociation. Il est préférable de ne pas attendre que les parties s’enlisent dans leurs positions ; solliciter un-e médiateur-trice dès les premiers signes de crispation favorise un esprit constructif pour dénouer les tensions, désamorcer une aggravation et envisager sereinement la suite.
Est-ce que la médiation fonctionne ?
La réussite du processus de médiation se mesure aux solutions que les parties trouvent pour préserver, rétablir ou même développer leur relation de travail ou commerciale. Un autre indicateur de réussite réside dans le fait que les parties parviennent à clarifier leurs besoins respectifs. L’issue peut aussi être positive si les échanges permettent aux parties de se séparer en bons termes quand elles arrivent à la conclusion qu’elles sont au bout de leur collaboration professionnelle.
Comment un-e chef-fe d’entreprise doit-il procéder s’il-elle souhaite initier un processus de médiation ?
Les parties peuvent choisir librement leur médiatrice ou médiateur et la-le mandater directement. A défaut, elles peuvent contacter la CNCI qui les aidera à trouver le profil le plus adéquat par rapport à leur situation.
La CNCI se tient à disposition des entreprises pour les renseigner en matière de médiation.
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