Changement d’horaire, horaire 2025, positionnement de l’Arc jurassien sur la carte CFF, OFT vs. CFF: David Fattebert, Directeur régional Ouest CFF, répond du tac au tac aux questions de la CNCI, très inquiète des désagréments ferroviaires que va subir le Canton au cours des prochaines années.
Pour le Canton de Neuchâtel, quelle est la répartition du trafic entre les pendulaires et les autres voyageurs. Quelle a été l’évolution au cours de ces 10 dernières années et quelles sont les perspectives pour la prochaine décennie?
Durant ces 10 dernières années, les habitudes de déplacement ont fortement évolué et, de manière générale, la demande ne fait qu’augmenter en Suisse, quel que soit le segment de clientèle (pendulaire, loisirs). La Suisse romande connait une croissance même supérieure à la moyenne nationale et le canton de Neuchâtel suit également cette tendance. En comparaison avec la situation d’avant-Covid, la reprise est d’ailleurs très forte, avec certaines lignes régionales enregistrant des progressions de l’ordre de 20 à 30%.
Il est en revanche difficile de donner une répartition entre ces segments, car les CFF ne disposent notamment pas des données du bls entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, qui est l’axe principal en termes de demande.
A plus long terme, la perspective de la ligne directe Neuchâtel – la Chaux-de-Fonds devrait doubler la fréquentation entre les deux plus grandes villes du canton, avec un effet positif également sur les autres lignes de la région.
Et au niveau de la Confédération, un objectif de doublement de la part modale des transports publics à l’horizon 2050 est formulé. Donc la tendance est clairement au développement de l’offre ferroviaire (impliquant de nouvelles infrastructures) et à un objectif important de croissance.
Chaque année, les CFF adaptent leurs horaires. Comment sont considérés les besoins des entreprises dans ces adaptations ? Quelles sont les collaborations entretenues à l’intérieur des cantons pour y parvenir?
La source d’adaptation d’horaire peut être de deux natures. En trafic grandes lignes, les adaptations sont entreprises par les CFF, sur la base de variations de la demande par exemple, ou selon une stratégie de développement de l’offre. En trafic régional, les adaptations d’offre se font de l’initiative des financeurs de l’offre, à savoir les commanditaires que sont les cantons et la Confédération. Les cantons ont la vision locale la plus précise, notamment en vue de développements de pôles économiques.
Pour le cas du canton de Neuchâtel, le regroupement des services de l’Etat dans des lieux communs à Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds est par exemple pris en considération pour les prochaines années. La nouvelle halte des Forges est notamment un point stratégique important pour le canton et les entreprises de cette zone industrielle. Dans le cadre des discussion menées régulièrement avec les instances cantonales, les aspects de développement économique ou démographique sont thématisés et alors pris en compte dans les réflexions de développement de l’offre ferroviaire.
L’horaire 2025 a agité les esprits. L’Arc Jurassien est-il plus prétérité que les autres régions?
La confection d’un horaire est un processus itératif, qui se déroule sur plusieurs années, des premiers concepts à l’exploitation de celui-ci. Pour l’horaire 2025, élaboré avec les 7 cantons de Suisse occidentales rassemblés sous l’égide de la Conférence des Transports de Suisse occidentale (CTSO), les travaux sont toujours en cours en coordination étroite avec les services cantonaux de la mobilité ainsi que les entreprises de transport public régionales.
Nous ne considérons pas que l’Arc Jurassien soit prétérité, car les axes avec la plus forte demande seront renforcés ou améliorés avec notamment la cadence 30’ de l’IC5 en direction de Renens-Lausanne, des liaisons horaires systématiques entre les gares du littoral et Yverdon, avec correspondance rapide sur l’IC5 en direction de Renens-Lausanne. Les liaisons directes pour Genève ont généré de nombreuses réactions notamment des milieux économiques. Le concept proposé prévoit le maintien de 3 liaisons directes dans le sens Neuchâtel – Genève-aéroport le matin, et 3 liaisons directes dans le sens inverse le soir .
Après le tollé causé suite à l’annonce de l’horaire 2025, il semble que des améliorations soient possibles pour l’Arc jurassien. Lesquelles seront-elles?
Dans le contexte décrit au point précédent, les CFF ont entamé depuis plusieurs mois des études visant à apporter des améliorations supplémentaires pour les clientes et les clients partout où cela est possible.
Ces améliorations portent notamment sur :
- La possibilité de transborder sur un même quai à Renens entre la ligne du Pied du Jura et les lignes de l’arc lémanique.
- L’obtention de davantage de trains directs aux heures de pointe sur la ligne du Pied du Jura. Des études sont en cours ainsi que des discussions avec la branche fret autour du nombre total de sillons qui pourraient être mis à disposition du trafic voyageurs sur la ligne du Pied du Jura. Il faut néanmoins savoir que l’attribution et la répartition des sillons entre les trafics voyageurs et marchandises s’appuie sur des bases légales. Par conséquent, la décision finale n’est pas du ressort des CFF, mais relève de la compétence de la Confédération par le biais du Service suisse d’attribution des sillons (SAS).
Une impression se dégage. Il y a comme une partie de ping pong entre l’Office fédéral des transports (OFT) et les CFF. Chacun se renvoie la balle, au détriment des usagers. Que répondez-vous à cela?
L’OFT définit des règles (via par exemple les étapes d’aménagement futures) que les entreprises doivent appliquer. Le partage de capacité du réseau (trafic voyageurs vs trafic fret) en fait partie et ce type de sujet peut amener à des discussions. Les cantons sont également impliqués dans ces dossiers. Comme dans toute discussion, il peut y avoir des divergences en termes de stratégie ou d’objectifs qui sont exprimées.
L’objectif des CFF est de pouvoir transporter ses clientes et clients dans les conditions attendues en termes de fiabilité, de capacité et de ponctualité, ce qui peut impliquer que les règles définies ne soient pas adaptées. Mais, pour les CFF, l’intérêt de la clientèle doit toujours primer.
Penduler en train intelligemment pour venir travailler dans le Canton de Neuchâtel. Quels conseils donnez-vous aux employeurs ainsi qu’à leurs employés?
Le Canton de Neuchâtel a la chance d’être positionné de manière centrale au niveau ferroviaire puisqu’il dispose de liaisons directes vers l’Arc lémanique, Bienne – Zürich, Berne et Fribourg. De plus, les liaisons directes vers Bâle (via Bienne – Delémont) seront à nouveau proposées dès le changement d’horaire de décembre 2025.
L’attractivité du canton est préservée avec l’horaire 2025, bien que les liaisons vers Genève ne soient plus systématiques. Mais l’objectif des CFF est bien de les rétablir dès que possible, en conformité avec les objectifs de la Confédération dans le cadre des projets d’aménagement futurs.